Michelle, doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ?

Le 20 juin 2014, une adolescente américaine en voyage scolaire en Europe poste sur les réseaux sociaux un selfie où elle pose, tout sourire, à l'intérieur du camp d'Auschwitz. Cette photo prise dans ce lieu de mémoire on ne peut plus symbolique provoque aussitôt un déferlement de commentaires injurieux et haineux sur Internet. Au point que la jeune fille devra expliquer son geste à la télévision dans l'espoir d'être graciée par l'opinion publique...

Évidemment, on ne peut pas se comporter à Auschwitz comme à Disneyland. Mais faut-il pour autant condamner cette adolescente à battre sa coulpe jusqu'à la fin de ses jours ? C'est pour répondre à cette question symptomatique de notre époque dominée par les relations virtuelles que notre auteur de saison Sylvain Levey s'est emparé de cette histoire, l'a transposée en France et a retracé le parcours de la jouvencelle (inconsciente ou fautive, à vous de voir) en multipliant les points de vue dans une succession de scènes très courtes, alternant dialogues, monologues et digressions...

Sur scène, la teenager sera incarnée par une comédienne ; mais les élèves, les parents et les professeurs qui l'entourent seront représentés par une vingtaine de marionnettes (tantôt réalistes, tantôt stylisés) sous la forme d'avatars, d'icônes ou d'émojis. Derrière tout ce petit monde apparaîtra aussi une multitude de selfies pris par la jeune fille au cours de sa brève existence qui,en s'ajoutant les uns aux autres, finiront par former son mur. Mur Facebook, mur d'une prison dont on ne s'échappe pas ou mur de prière devant lequel on pleure : là aussi, c'est à vous de voir...