Landscape(s)#1

Au coeur du projet Landscape(s) se trouve une drôle de machine : une structure métallique conçue au sein du Centre National des Arts du Cirque et baptisée le " double fil rotatif ", composée en effet de deux fils de funambule tournicotant autour d'un axe, telle un grand balancier au mouvement perpétuel inspiré, disons-le,des sculptures mobiles de Tinguely.

C'est donc grâce à cette machine que les deux protagonistes de ce spectacle pourront jouer les équilibristes ou exécuter toutes sortes d'acrobaties aériennes, évoluer à trente centimètres ou à plus de quatre mètres du sol, se laisser ballotter dans les airs ou enchaîner à toute vitesse des numéros de voltige, au rythme d'une musique live nourrie de percussions et d'ondes qui n'est pas seulement un " fond sonore " destiné à couvrir leurs bruits de respiration, mais un véritable partenaire de jeu. Comme disait Marx, la machine est ambivalente : elle peut être à la fois source d'aliénation et source d'émancipation de l'homme...

Leur autre partenaire de jeu, c'est le Dehors. Car si nos deux circassiens préfèrent déployer tout leur talent à l'air libre plutôt que dans l'ambiance confinée d'un chapiteau, c'est pour pouvoir dialoguer avec le paysage et composer avec ses nombreux aléas -en incluant un vol d'oiseaux de passage dans leur performance ou en retournant à leur avantage les caprices du vent, par exemple.Comme disait Spinoza, la liberté et la nécessité ne s'opposent pas : la liberté, c'est la nécessité comprise. En quoi Landscape(s) opére-t-il la synthèse entre Marx et Spinoza ? Prenez vos stylos,vous avez quatre heures...