J'ai trop peur

Comme tous les ans, un garçon de dix ans et demi passe ses vacances d'été à Quiberon. S'adonne-t-il aux joies de la planche à voile ou du cerf-volant ? Non. Parce qu'il est bien trop conscient que c'est son dernier été avant la sixième - et la sixième, tout le monde le sait, c'est l'horreur absolue. Sans compter que sa petite soeur, qui est déjà très agaçante en temps normal, lui donnerait presque des envies de meurtre. Pour le détendre, sa chère mère lui organise un rendez-vous avec Francis, un grand de quatorze ans qui passe, lui aussi, ses vacances dans le coin. Bonne idée : Francis lui révèlera que la sixième, c'est encore pire que ce qu'il croyait - quelque chose comme un avant-goût de l'Apocalypse...

Ce qui rend cette fable sur la trouille extrêmement savoureuse, c'est la manière dont on s'y exprime. L'auteur et metteur en scène David Lescot a en effet imaginé pour ses trois personnages un langage spécifique - entre formules creuses pour le plus grand, considérations vaguement introspectives pour celui du milieu et babil incompréhensible pour la plus petite...

L'autre originalité de la pièce tient à sa distribution - puisque ce sont trois comédiennes qui interprètent tous les rôles. Imaginez, pour finir, un espace-gigogne qui permet de passer d'un décor à l'autre grâce à quelques manipulations et vous saurez pourquoi J'ai trop peur est, sur toute la ligne, un petit bijou d'inventivité.